III, Temple de Tsukihi
13, Début des persécutions et paganismes (La Vie d’Oyasama, p. 39-42)
Suite à l’incident avec le temple authentique shintoïste Oyamato en 1864, les gens avaient cessé de fréquenter Oyasama alors qu’Izo n’avait pas altéré sa confiance en elle et avait achevé l’année suivante la construction du Lieu du Service. En plus, il s'occupait également d’autres tâches pour aider la Résidence. Cependant, Izo, charpentier dans la journée, était incapable d’aider financièrement qui que ce soit. Un autre fidèle, appelé Chûshichi Yamanaka, qui n’avait pas non plus renoncé à sa foi en Oyasama, offrit une somme importante à la Résidence qui se trouvait dépourvue de moyens à cette époque, dont une partie fut versée à Izo. Chûsaku, déjà en charge des frais de construction l’année précédente, était aussi un bienfaiteur important pour les proches d’Oyasama en difficulté. Mais ce n’est pas lui qui a été choisi comme Honseki, ''messager'' de Dieu. Autrement dit, ce titre n’a pas été accordé en raison de ces aides financières. C’étaient bien les efforts assidûs, déployés par Izo, de venir à tout prix aider la Résidence qui ont été déterminants.
Quant à Oyasama, elle s’était installée toute la journée dans la pièce surélevée du Lieu du Service. C’était là qu’elle recevait les gens, alors que sa fille cadette, Kokan, transmettait également les paroles de Dieu à sa place. A ce titre, elle était appelée ''jeune déesse''. Il est dit dans l’Ofudesaki ;
Mon vœu : dissocier ces deux-là du Temple de Tsukihi
En les plaçant dans des salles séparées ! (IX, 5.)
Oyasama montrait déjà très tôt dans son Modèle qu’elle pouvait être remplacée dans le rôle de messager de Dieu. Etant donné que les paroles divines n’étaient pas toujours prononcées par la bouche d’Oyasama, il paraît logique de penser que les instructions divines transmises après sa disparition auraient aussi une dimension majeure à l'image de ses mots de son vivant.
Juste avant l’incident d’Oyamato en 1864, un médecin fit déjà irruption à la Résidence. Mais c’est à partir de cet événement, mettant au devant de la scène les enseignements d’Oyasama, que se ruèrent les prêtres shintoïstes, les moines bouddhistes, les ascètes ou les médecins pour non seulement manifester leur mécontentement mais aussi attaquer et détruire les locaux. En effet, les miracles réalisés ou les paroles peu traditionalistes d’Oyasama agaçaient beaucoup les autorités politiques et religieuses. Menacée, Oyasama tout comme Kokan n’ont pas été statiques mais réagirent activement non pas par la force mais par le courage. Comme nous l’avons déjà vu dans le numéro 9 de la partie III de cette chronique, la réaction d’Oyasama face à ce genre d’attaque est révélatrice même de nos jours. Elle ne se laissait jamais entraîner par la provocation ni céder à la violence mais restait sereine quoi que fassent les bandits. Il est dit plus tard dans la Prescription Divine du 21 avril 1896 au sujet de l’arrêté du Ministère de l’Intérieur :
Ceux qui sont contre moi sont aussi mes enfants chéris.
On voit bien que, dans l’esprit d’Oyasama et ses enseignements, même les opposants ne sont pas à exclure ou à méconnaître mais qu’ils sont aussi les protégés d’Oyasama. Il y a des gens avec lesquels on ne s’entend pas bien mais quoi qu’ils soient méchants avec nous, nous devons reconnaître qu’Oyasama les aime. Ainsi s’attendrirait notre attitude quotidienne vis-à-vis des autres.
En tout cas, d’un côté se multipliaient les agressions d’une société hostile. Et de l’autre, un croyant dénaturait les intentions d’Oyasama. Il s’appelait Sukezo, fidèle sauvé d’une maladie des yeux par Oyasama, qui venait régulièrement chez elle par la suite. Mais au bout de deux mois, afin de discréditer la Résidence d’Oyasama, il se mit à prétendre que le lieu où il habitait était le lieu originel de Dieu. Face à cette déloyauté, Oyasama se montra ferme. Elle alla corriger cet homme et annihiler ses idées imitées et déformées, issues de ses enseignements. Les instruments de culte utilisés pour ce plagiat furent détruits par les fidèles qui accompagnaient d’Oyasama. Pour Tenrikyô, l’essentiel se trouve au Jiba, origine de ce monde. Cela signifie que de là jaillissent toutes les protections naturelles et corporelles d’Oyagami. La guérison de Sukezo, c’était bien grâce à ce principe. Il était indispensable pour Oyasama de le rappeler aux gens qui le comprenaient mal.
On dit souvent qu’elle était sévère contre ses hétérodoxes. Cette fois-là, elle fit non seulement détruire les objets de culte mais ne quitta pas non plus tout de suite le lieu, afin de débattre avec lui et de le convaincre. Remis à sa place, Sukezo reconnut ses erreurs au bout de huit jours en présence de témoins assistés. Cependant, elle ne condamna pas ses pratiques religieuses, c’est-à-dire qu’il put maintenir ses activités hérétiques jusqu’à sa mort en 1891. Si Oyasama est rentrée chez elle, et lui, il a pu continuer son chemin, c'est parce que, me semble-t-il, il avait retiré de sa doctrine les points qu’Oyasama défendait. En même temps, cela me fait supposer qu’elle n’ait pas insisté pour le renverser totalement au point d’anéantir ses dérives d’exercice. Bien qu’elle ne supporte pas que les fidèles l’ayant entendue modifient ses fondements principaux, il me semble bien que la liberté de conscience prime avant toute chose chez elle. Une fois l’affaire réglée en sa faveur, elle ne se soucia plus de lui car, quoi qu’il fasse ou dise après, les arguments d’Oyasama s’imposèrent définitivement et publiquement contre lui.
1 Il s’agit d’un arrêté ministériel, daté du 6 avril 1896, par lequel le Ministère de l’Intérieur, inquiet de l’expansion rapide de Tenrikyô, appelait en secret les autorités préfectorales à exercer un contrôle plus étroit sur ses activités. (Voir « Osashizu, prescriptions divines (extraits), édition française provisoire, 2007, p.48-49. »)
Références
Nakayama Shozen, 『第十六回教義講習会第一次講習録抜粋』Extraits des cours du premier niveau pour le XVIe stage sur la Doctrine, pp.175-191
Yamochi Tatsuzo, 『教祖伝入門十講』 Dix discours d’initiation sur la Vie d’Oyasama, pp.130-157
Nakayama Yoshikazu, Mon Oyasama 『私の教祖』, pp.309-320
Dictionnaire de Tenrikyô, Doyusha, 1997.
(publié en février 2018 au bulletin trimestriel de Tenrikyô)