La Vie d'Oyasama selon la vision du temps moderne

IV, Depuis qu’Oyasama commença à écrire l’Ofudesaki

2, De 1869 à 1874 (La Vie d’Oyasama, Chapitre VI, p. 65-78)

En 1869 et 1872, Oyasama jeûna respectivement pendant trente-huit jours à soixante-deux ans et soixante-quinze jours à soixante-quinze ans. Concernant ce dernier cas, nous pouvons lire quelques épisodes intéressants au numéro 25 des “Anecdotes sur la Vie d’Oyasama”. En outre, elle ordonna en 1872 que son repas fût préparé sur un feu à part avec des ustensiles à part. Cette consigne montre bien qu’elle avait l’intention de se démarquer des hommes ordinaires et qu'elle voulait le faire savoir ouvertement. D'ailleurs, elle multipliait les actes ayant pour but de convaincre ses proches qu’elle ne ressemblait plus à un être humain. (Plusieurs histoires à ce sujet sont racontées dans les Anecdotes sur la Vie d’Oyasama.) Cependant, le fait le plus marquant survint un peu plus tard. Il s'agit de celui concernant les vêtements de couleur rouge. Au mois de décembre 1874, Oyasama porta pour la première fois des habits rouges. Désormais vêtue tout en rouge, elle fut visuellement associée au Temple de Dieu par ses fidèles. Ce fut un message frappant qui se perpétue encore aujourd’hui car des morceaux d'étoffe découpés provenant de ses kimonos rouges sont distribués comme Amulettes-témoins aux personnes qui le souhaitent.

Il est dit aujourd’hui que le Modèle d’Oyasama est bien l’exemple à suivre pour les pratiquants de Tenrikyô et nous utilisons souvent l’expression “suivre le Modèle d’Oyasama”. Pourtant, en prenant en compte de telles manifestations de différenciation, Oyasama ne nous demande pas de l’imiter. Je pense qu’aujourd’hui, il nous serait fortement déconseillé de faire un jeûne de soixante-quinze jours et il serait considéré comme égoïste de demander à quelqu‘un de préparer un repas différent de celui des autres sauf en cas de problème de santé.

Littéralement, suivre le Modèle signifierait faire la même chose qu’Oyasama. Mais si cela en était le cas, il serait excessivement exigeant pour un simple croyant puisque la vie d'Oyasama fut totalement consacrée à sauver le monde. Or, ses volontés, étant donné leur caractère sacrée, ne sont pas imitables et ses actes, divins aussi, ne sont pas non plus des œuvres qu’un simple croyant puisse reproduire. En aucun cas, il ne faudrait pas se dire ainsi : si Oyasama était à ma place, qu’est-ce qu’elle ferait ? Il est dangereux de nous mettre à la place d’Oyasama ou de mettre Oyasama à notre place comme si nous étions capables d’inventer ce qu’elle ferait. C'est l’ignorance totale du sens de son existence physique. Toutefois, il nous est indispensable de chercher à atteindre une meilleure maturité d’esprit avec un exercice juste du Service car le souhait d’Oyasama au travers de son Modèle est bien la pratique du Service. Nous appliquer dans le Service, cela consiste aussi à nous ramener à la valeur initiale de la Création dont le but est de partager la joie de vivre avec les autres et de réaliser un monde heureux pour tous appelé la Vie de Joie. Le Modèle d’Oyasama se déroule autour du Service et y est étroitement attaché. Il me semble bien que suivre le Modèle, ce n’est pas de répéter les actes qu’elle réalisa mais de reconnaitre en la vie d’Oyasama l’importance du Service et d’en saisir le sens qui traverse les temps.

En 1873 décéda Oharu, une des filles d’Oyasama. Un jour, on m’a parlé de quelqu’un qui a essayé de discréditer Oyasama pour le fait qu’elle ne put pas épargner ses propres enfants. Certes, la vie est la plus grande question de l’être humain mais Oyasama ne nous garde pas en vie n’importe comment quand cela s’est avéré bon pour nous. Si nous sommes sauvés ou pas, ce n’est pas la vie éphémère qui le prouverait. La Vie de Joie et le Salut chez nous se réalisent dans un spiral ascendante tout en répétant les renaissances. Bien évidemment, la vie temporelle a beaucoup d’importance comme Oyasama réalisa des milliers de guérisons miraculeuses mais la mort n’a aucunement une connotation négative dans ses enseignements.

L'année suivante, Shûji, son fils, devint le chef du village Shoyashiki. Cet événement témoigne bien que la famille d’Oyasama regagnait la confiance auprès des villageois après la descente dans le dénument des Nakayama sur le plan social suite à la Révélation qui eut lieu en 1838. La famille dépourvue de puissance matérielle à cette période-là était en train de se transformer en un symbole de spiritualité par son investissement incessant dans le travail pour le salut du monde. Je pense que la famille dégageait un climat spirituel fiable. Ce serait donc un bel exemple pour nous de la confiance obtenue par le parfum qu’exhale un foyer qui n’a pas de richesse matérielle.

Il y a un autre fait marquant. En 1874, Oyasama recommença à écrire les versets de l’Ofudesaki après quatre ans d’arrêt. En effet, elle en rédigea neuf parties sur dix-sept en deux ans entre les années 1874 et 1875. Au sujet du Service, on peut dire que ces deux années furent le point culminant de sa préparation puisque les masques pour le Service du Kagura furent fabriqués et le lieu du Kanrodaï, appelé Jiba, fut défini à cette période1. De plus, en préambule à ceux-ci, un modèle du Kanrodaï fut exécuté en 1873. Les fidèles jouèrent au Service avec les masques même s’il était encore très loin de sa forme définitive. Les enseignements d’Oyasama commençaient enfin à toucher à leurs objectifs, trente-cinq ans après la Révélation.

Référence
Les livres et documents de référence seront mis à la fin du chapitre IV.

(voir l'article publié en mai 2019 au bulletin trimestriel de Tenrikyô)